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Le couple coe“ur poumon normal à l'épreuve du sommeil normal ou les paradoxes de la normalité endormie. Bernard Pigearias

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Qu’est-ce la normalité ?

Un repère sera orthonormé si on lui impose une valeur d’angle pour se définir…
Mais qu’en est-il du sommeil ?
Existe-t-il un sommeil qualifié de normal identique tout au long de la vie ?
Les valeurs biochimiques se définissent comme normales autour d’une valeur médiane entourée de son écart-type : elles évoluent dans un équilibre homéostasique fondée sur le demande de chaque organe. La « loi » de l’offre et de la demande ne s’applique pas en biologie. Un organe ne répondra qu’à la sollicitation selon sa fonction propre, mais ne proposera pas d’offre : il ne saurait exister une offre supérieure à la demande.
Toutefois le pathologique  sinon la désadaptation, sera, dès lors que l’organe sollicité ne pourra répondre à la demande.
Le pneumologue connaît bien cela avec la régulation de la ventilation et les besoins en oxygène. Le maintien de l’homéostasie est la garantie de l’équilibre du vivant, de sa capacité à survivre  dans son environnement, dans une nécessaire adaptation qui relève de l’entropie,  recyclage infini de l’énergie, le comburant oxygène étant le préalable à la chimie de la vie, la biochimie.
Ceci vaut pour tout le monde vivant, végétal et animal. Toutefois, ce dernier règne, celui de la matière vivante animée, ne fait pas que s’animer, se mouvoir, il a une spécificité très particulière, il dort, et cela selon des modalités qui sont propres à chaque espèce animale : nous sommes au-delà de l’homéostasie, nous sommes dans la dimension de la temporalité et de la spatialité qui évoluent justement dans l’instant vécu (l’âge) et l’espace où vit l’espèce (l’adaptation au milieu).
Nous devrions ainsi parler de normalité temporo-spatiale adaptative du sommeil, et cela pour chaque espèce animale.
La physiologie humaine décrite fut pendant des décennies celle du sujet au repos. Mais ce repos existe-t-il ?Une mesure réalisée chez le sujet assis, couché ou sans activité peut sans doute être considéré comme une mesure réalisée au repos, en tout cas sans dépense énergétique liée à une charge imposée. Toutefois, il s’agit d’une mesure effectuée durant la veille du sujet, sinon, il eût fallu faire la mesure en dépense énergétique minimale, mais il s’agirait alors de sommeil. Car le repos n’existe pas, il est une phase toujours transitoire, entre les activités d’éveil, plus ou moins énergétiquement coûteuses et le sommeil.

Comme toujours, c’est la capacité d’adaptation du passage d’un état à l’autre qui revêt un intérêt majeur, toute inadaptation engendrant le pathologique.

Références

1- Pigearias Bernard. Physiologie : de la naissance du vivant à son accomplissement. . . Une balade sémantique aux sources de la nature. Physiology: From the birth of life to its accomplishment. . . A semantic journey at the sources of nature
Revue des Maladies Respiratoires (2012) 29, 945—949

2- Pigearias Bernard. Le couple cœur/poumon normal à l’épreuve du sommeil normal ou les paradoxes de la normalité endormie
La Lettre du Pneumologue • Vol. XII - n°1-2 - janvier-février-mars-avril 2009 6-10


Source : La Lettre du Pneumologue, Vol. XII - n°1-2 - janvier-février-mars-avril 2009

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